p

Conseil communal, Motion

Mise en place d’un dispositif d’aide contre le harcèlement sexiste en rue

22 janvier 2022

By Mathieu Veltri

Malgré l’application en mai 2014 de la loi contre le sexisme dans l’espace public qui vise à lutter contre les agissements sexistes ou à connotation sexuelle, le harcèlement sexiste en rue reste un problème de grande ampleur et un véritable fléau pour celles et ceux qui en sont victimes, souvent tous les jours.

Selon différentes études menées durant les cinq dernières années, ce n’est pas moins de neuf femmes sur dix qui affirment avoir déjà été confrontées à des comportements sexistes dans l’espace public.

Pourtant, bien qu’il soit souvent banalisé – malheureusement – ce problème sociétal à un véritable impact sur la santé physique ainsi que psychologique des femmes et autres personnes victime de tels agissements.

De plus, le sexisme entrave la liberté en poussant les femmes à adapter leur mode de vie, leur façon de s’habiller, de se comporter, leurs heures de sortie, les lieux fréquentés afin de ne pas être confrontée de nouveau à ces situations.

Le harcèlement sexiste en rue peut prendre différentes formes et est présent à tout moment. Sifflements, regards insistants, commentaires sexistes, attouchements non-consentis, nombreux sont les comportements qui installent un sentiment d’insécurité dans le quotidien des femmes.

D’ailleurs, certains actes, comme par exemple les poursuites, peuvent véritablement nuire à la sécurité de la personne qui en est victime et la mettre en danger. 

C’est pourquoi, afin de renforcer leur lutte contre le sexisme, plusieurs villes françaises (Rouen, Caen, Amiens, Reims) ont mis en place un dispositif d’aide importé du Royaume-Uni, nommé « Demandez Angela – Ask Angela », ou encore « Où est Angela ».

Le principe se veut simple : permettre à une personne qui se sent harcelée ou importunée de se rendre dans un établissement refuge et de demander « Où est Angela ? », manière discrète de signaler ses difficultés. Le personnel comprend alors immédiatement son besoin d’aide. Elle peut ainsi téléphoner et rester à l’intérieur jusqu’à ce qu’elle soit hors de danger, jusqu’à l’arrivée d’un taxi, d’un parent, d’un ami ou de la police si nécessaire.

Au regard de ce problème sociétal tout aussi présent dans notre pays, je proposerai lors du conseil communal de créer à travers la commune un réseau sûr et solidaire de lieux (bars, hôtels, commerces) ayant la capacité d’assister et de soutenir temporairement des personnes qui se trouvent en situation d’harcèlement à l’instar du dispositif d’aide.

Je les inviterai également à commander une étude afin, entre autres, de cartographier les lieux où le harcèlement sexiste de rue est présent, et présenter les résultats de cette étude au Conseil communal.

Proposition de motion relative à la mise en place d’un dispositif d’aide contre le harcèlement sexiste en rue :

Considérant la loi du 22 mai 2014 tendant à lutter contre le sexisme dans l’espace public et modifiant la loi du 10 mai 2007 tendant à lutter contre la discrimination entre les femmes et les hommes afin de pénaliser l’acte de discrimination ;

Considérant que malgré l’introduction de cette loi contre le sexisme, qui pénalise les agissements sexistes ou à connotation sexuelle, le problème ne s’affaiblit pas ;

Considérant l’étude en 2016 de l’asbl JUMP, selon laquelle plus de neuf femmes sur dix affirment avoir déjà été confrontées à des comportements sexistes dans l’espace public ;

Considérant l’étude en 2017 de l’association Vie Féminine, selon laquelle 98% des femmes interrogées ont déclaré avoir vécu du sexisme dans l’espace public ;

Considérant l’étude en 2021 sur des jeunes de 15 à 24 ans menée par l’ONG Plan International, selon laquelle, en Belgique, ce n’est pas moins de 91% des filles et 28% des garçons qui ont déjà été victimes, au moins une fois dans leur vie, d’harcèlement sexiste en rue ;

Considérant qu’une fille sur trois a déjà subi des attouchements non consentis ;

Que ces chiffres démontrent l’ampleur de ce problème sociétal ;

Considérant l’impact du sexisme sur la santé physique et psychologique des femmes et autres personnes victime de tels agissements ;

Considérant que le harcèlement sexiste de rue entrave la liberté de mouvement d’une femme sur deux ;

Qu’il entrave sa liberté au quotidien en amenant les femmes à adapter leur mode de vie : leur façon de s’habiller, de se comporter, leurs heures de sortie, les lieux fréquentés afin de ne pas être confrontée de nouveau à ces situations ;

Considérant que les personnes victimes de harcèlement sexiste ne reçoivent pas assez de soutien ;

Considérant que certains comportements, comme par exemple les poursuites, peuvent véritablement nuire à la sécurité de la personne victime de ces agissements et la mettre en danger ;

Que des lieux sûrs et prêts à apporter de l’aide doivent pouvoir exister sur le territoire montois ;

Qu’il est d’une grande importance de fournir de nombreux outils de sensibilisation et de prévention pour lutter contre le harcèlement sexiste en rue ;

Considérant que l’action contre le sexisme doit être de la responsabilité de tous.

Que le Grand Mons se doit d’être un lieu sûr pour ses habitants et aussi toute personne s’y rendant ;

Le Conseil communal décide par … voix favorables, … contre et … abstentions :

Article 1 : De commander une étude afin, entre autres, de cartographier les lieux où le harcèlement sexiste de rue est présent, et présenter les résultats de cette étude au Conseil communal.

Article 2 : De créer à travers la commune un réseau sûr et solidaire de lieux (bars, hôtels, commerces) ayant la capacité d’assister et de soutenir temporairement des personnes qui se trouvent en situation d’harcèlement à l’instar du dispositif d’aide « Demandez Angela – Ask Angela ».

Voir d’autres articles de la même catégorie

Derniers articles qui
pourrait vous intéresser